Canada, États-Unis, Grèce, Espagne, Italie, Algérie... Les feux de forêts dévastateurs battent à nouveau des records pour l’année 2023. 15,3 millions d'hectares au Canada, 392 564 d'hectares en Europe, une centaine de personnes décédés en Grèce et à Hawaï, ou encore 30 000 personnes déplacées au Canada. Les chiffres sont alarmants, à l’image de ces scénarios de crise qui s’enchainent et représentent un risque majeur pour nos sociétés, partout dans le monde.
Alors que le réchauffement climatique augmente le risque de catastrophes naturelles partout dans le monde, chaque société doit questionner sa propre résilience, en se préparant à faire face à des évènements potentiellement dévastateurs et toujours plus imprévisibles. En Nouvelle-Calédonie ou ailleurs, mettons-nous à jour nos procédures face à ce contexte ?
Regardons d’un peu plus près la crise de Hawaï, sur l’île de Maui, où 80% de la ville de Lahaina a brûlé sur une soixantaine d’heures. Le bilan humain dépasse la centaine de décès, ce qui en fait l’incendie le plus meurtrier depuis un siècle aux États-Unis. Que s’est-il passé ?
Des risques météorologiques sous-estimés.
Avant le déclenchement des feux à Hawaï, plusieurs facteurs de risques se conjuguent : des vents forts renforcés par l’ouragan Dora, une végétation extrêmement sèche et des précipitations en dessous de la moyenne depuis une longue période, l'île était en alerte rouge incendie. Tous les ingrédients étaient favorables à des départs de feux et à la propagation des flammes. Pour autant, aucune mesure de prévention n’est déclenchée. Jill Tokuda, élue d’Hawaï, reconnait que l’administration a « sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu”.
Une procédure de réponse inappropriée.
Alors que les feux sont déclarés, les sirènes de la ville ne retentissent pas. Des alertes ont tardé à être envoyées aux habitants par sms sur leurs smartphones, ainsi que sur les chaînes de radio et télévision. Des actions non appropriées dans ce contexte d’urgence. Beaucoup d’habitants se retrouvent dans l’impossibilité de joindre le numéro d’urgence 911, et certaines personnes qui réussissent à avoir le service se voient conseiller de se réfugier dans la mer pour se protéger des flammes. Les pompiers se sont également retrouvés en difficultés face à des bouches à incendies à sec : les tuyaux avaient étaient brûlés par le feu.
Faire face aux responsabilités.
Au lendemain de l’incendie meurtrier, Herman Andaya, administrateur de l'agence de gestion des crises sur l'île de Maui, a donné sa démission. Il a affirmé lors d’une conférence de presse qu'il ne regrettait pas de ne pas avoir lancé les sirènes d'alarme sur l’île, car elles "sont utilisées principalement pour les tsunamis". Face aux nombreux manquements des autorités, un procès en incompétence est lancé par les habitants. Les personnes sur place dénoncent l’absence d’avertissement, les erreurs qui ont eu lieu pendant la catastrophe.
Le fournisseur d’électricité local, Hawaiian Electric, est également accusé de ne pas avoir coupé le courant, alors que les risques météorologiques étaient connus, et risquaient de renverser les poteaux électriques de la ville, au-delà du risque incendie. Une plainte a été déposée par le comté de Maui à leur encontre pour négligence.
Un risque peut en cacher un autre.
Une chose est sûre dans le cas de Hawaï, les procédures d’analyses de risque se sont concentrées sur des risques connus et probables, comme le tsunami, sans être réévaluées régulièrement. Dans un contexte de changement climatique, d’environnements changeants, une réévaluation des risques doit être menée pour rester en phase avec la réalité. Si le coût de la reconstruction de la ville de Lahaina est estimée à 5,52 milliards de dollars, les conséquences sur l’image et la réputation sont également colossales. Du côté des habitants, la méfiance envers les autorités s’est installée de façon durable, sans parler des conséquences économiques pour une destination touristique qui vient de disparaitre.
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